dimanche 30 octobre 2011

doubles sens cyclables non signalé

On appelle "double sens cyclable", la possibilité pour les vélos de remonter légalement les sens uniques. Ces doubles sens peuvent être créés sur n'importe quel type de voix à sens unique à condition que les conditions de sécurité soit bonnes.

Du point de vue du cycliste, c'est une merveilleuse invention :
  • pour la sécurité car le danger vient de l'avant. Il est donc visible et gérable par le cyclistes. Les doubles sens sont souvent mis en place en zone 30 : les véhicules roulent donc à des vitesses modestes, ils se voient, ils sont capables de gérer au mieux leur croisement;
  • pour la sécurité car les automobilistes garés voient le cycliste arriver et, ainsi, on évite les ouvertures de portières intempestives qui constituent l'un des dangers les plus fréquents en ville pour les cyclistes;
  • pour le développement de la pratique du vélo car on peut ainsi éviter de longs détours.
Un exemple de telle situation est la rue Damiot à Cerny:

Pour aller de la rue Michel Cadoret ou de la rue de l'égalité vers l'école (rue Damiot) ou la pharmacie, il y a deux solutions :
  • prendre la rue Damiot à contre sens
  • passer par la place de Selve (sans "s" selon le dernier Cerny Info) et remonter la rue du Chateau
La seconde solution est beaucoup plus longue. Elle comprend une côté. Elle est aussi plus dangereuse car les voitures roulent parfois à des vitesses excessives place de Selve.

On saisit donc bien sur cet exemple l'intérêt des doubles sens cyclables.

Problème: le contre sens cyclable de la rue Damiot n'est pas matérialisé par les panneaux réglementaires et, à ma connaissance, aucun arrêté municipal n'y interdit la circulation à contre sens.

En effet, en zone 30, les doubles sens cyclables sont devenus la norme.

Le décret 2008-754 du 30 juillet 2008 introduit dans le Code la généralisation des doubles sens cyclables en Zone 30 (Z30) ou dans les Zones de rencontre (ZR). A partir du 1er juillet 2010, cette règle concerne aussi toutes les zones 30 créées avant 2008 SAUF arrêté contraire pris par la municipalité concernée.

Si la loi est correctement appliquée, on doit se retrouver avec seulement 2 cas de figure :
  • soit la zone 30 est en double sens cyclable et il est signalé par les panneaux réglementaires
  • soit il y a eu un arrêté du maire pour indiquer qu'on est dans un cas exceptionnel qui déroge à la règle et la circulation des cyclistes à contre sens est interdite
Ca serait trop simple. Certaines municipalité n'ont ni mis en place les panneaux réglementaires, ni pris d'arrêté interdisant la circulation des vélos à contre sens.

Quel est alors le statut de ces zones 30 à sens unique ? Le dossier de la Fub indiquait que l'on peut pas être sanctionné pour une faute du gestionnaire de la Voirie qui n’aura pas respecté le délai légal. En conséquence, la circulation à contre sens est autorisée.

C'est évidemment une situation inconfortable vis à vis des autres usagers et des forces de l'ordre. Cette faute du gestionnaire de voirie met les usagers en danger puisque les véhicules arrivant dans le sens normal ne s'attendent pas à voir arriver des vélos à contre sens.

Le cas s'est préduit il y a deux ans à Lyon. Un cycliste a été verbalisé parce qu'il remontait un sens unique en zone 30. Il a contesté son PV et a gagné : voir des articles du progrès de Lyon : "Deux ans après avoir été verbalisé, un usager de Vélo’v gagne contre la Ville".

samedi 29 octobre 2011

Sécurité routière : Les chiffres clés de l’année 2010

Une très intéressantes synthèse d'un rapport à paraître prochainement. On pourra noter notamment les tableaux "qui tue qui".

Le rapport de la mission parlementaire sur la sécurité routière est sorti

Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy ont déclaré la sécurité routière comme grande cause nationale, on ne va pas s'en plaindre.
Un mission parlementaire a été créée suite aux mauvais chiffres actuels. On trouvera son rapport là : http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3864-tI.asp#P2622_428107

C'est un document de près de 300 pages que je n'ai pas encore eu le temps de lire. On notera cependant que nos députés représentent bien la population et qu'ils en partagent parfois certains craintes infondées : le passage sur les doubles sens cyclables est particulièrement gratiné et va à l'encontre des résultats constatés (pas d'augmentation de l'accidentalité lié à leur développement). En voici un extrait où l'on pourra noter l'importance accordée au choc psychologique du pauvre automobiliste qui voit arriver un cycliste en face de lui :-) :

Plusieurs membres de la mission ont exprimé des réserves quant à la banalisation des voies de circulation à contresens destinées aux cyclistes, les « double-sens cyclables » institués, en particulier dans les « zones 30 », par le décret n°2008-754 du 30 juillet 2008 portant diverses dispositions de sécurité routière. En effet, ces aménagements transgressent le "tabou" du sens interdit et peuvent entraîner, par effet de surprise, des réactions non maîtrisées des autres usagers de la route. En outre, bien que le code de la route l'interdise expressément, il n'est pas rare que les usagers des deux-roues motorisés se croient autorisés à emprunter ces voies, ce qui fait changer de nature le risque induit.

On peut donc juger souhaitable qu'une évaluation de ce mode de circulation soit menée avant d'en poursuivre l'extension dans les zones urbaines. Dans le cadre de cette étude, il conviendra de ne pas se focaliser sur l’accidentalité induite par de tels aménagements car au-delà du risque direct d’accident qu’ils peuvent entraîner, ils contribuent à rendre l’espace partagé moins sécurisant en créant de nouvelles sources de tension. En d’autres termes, même si l’enfant ou la personne âgée qui n’ont pas l’habitude de regarder des deux côtés avant de traverser une voie à sens unique ne sont pas renversés par le cycliste, le choc émotionnel que peut occasionner son irruption brutale n’est pas à négliger.

[...]
Enfin, la sécurité de tels aménagements pour les cyclistes eux-mêmes n’est pas formellement établie, l’effet de surprise pour les automobiles pouvant entraîner des collisions qui leurs sont forcément défavorables du fait de leur vulnérabilité.

Cette mise en cause des doubles sens cyclables va à l'encontre des résultats en matière d'accidentologie :
  • les doubles sens cyclables n'augmentent pas le nombre d'accidents
  • le tableau "qui tue qui" montre bien que le grand erradicateur de piétons, ce sont les véhicules légers et pas les vélos (2 piétons tués par des vélos en 2010). Cf tableau ci-dessous:
cliquez sur le tableau pour accéder à la très intéressante synthèse d'où il est tiré.

faire du vélo dans les grandes villes n'est pas une sinécure



Ce qui semble être de petites incivilités met les cyclistes en danger: devoir s'insérer dans le trafic à des endroits non prévus est dangereux. Automobiliste, SVP, respectez les pistes cyclables.